L’objectif est ici de tenter une restitution des paysages de la région de Ras Shamra et de leur éévolution sur les 200 dernières années, afin de pouvoir mieux approcher ce qu’a pu être la réalité de ces paysages à l’époque d’Ougarit. Après un premier travail mené sur les archives du fonds C. Schaeffer, qui a été présenté dans le volume XXV de la série « Ras Shamra – Ougarit », on a poursuivi la recherche et l’inventaire de documents cartographiques, photographiques (vues aériennes de diverses périodes depuis 1932), d’images satellites et de récits de voyageurs.
Les clichés du fonds Claude Schaeffer, conservé au Service des archives du Collège de France, représentent un des premiers témoignages visuels des paysages d’une région levantine il y a près d’un siècle. Destinées avant tout à illustrer les résultats des fouilles entreprises par l’archéologue sur les sites syriens de Ras Shamra et de Minet el-Beida, ces photographies ont une portée scientifique qui déborde pourtant largement le périmètre des deux fouilles. Elles proposent une vision inédite des campagnes du littoral nord-levantin, dans le contexte d’une société rurale qui était encore largement traditionnelle dans ses us et coutumes et qui, tout en étant déjà intégrée dans une forme « d’économie de marché » restait liée à la terre et devait subvenir à ses besoins. Un tel contexte n’est, toutes proportions gardées, pas fondamentalement différent de celui qu’ont pu connaître les Ougaritains à la fin du deuxième millénaire avant notre ère. Et le fonds propose un échantillon, certes restreint mais sans équivalent, des milieux ou des paysages régionaux qui existaient dans les années 1930, ce qui représente une aide précieuse aux recherches actuellement effectuées sur les paléoenvironnements, les ressources en eau, les structures hydrauliques et les modes d’irrigation, le couvert végétal, les ports du royaume antique, dans le cadre de la mission archéologique syro-française de Ras Shamra.