Pour l’âge du Bronze récent, le tissu urbain d’Ougarit – incluant des aires résidentielles (organisées en blocs), une partie de l’Acropole sur laquelle s’élevaient les deux temples les plus importants de la cité, et un vaste complexe palatial – est l’un des mieux connus du Levant. Bien des points nécessitent toutefois un approfondissement et l’un des programmes en cours vise à préciser la géographie fonctionnelle et sociale de l’agglomération, axe de recherche qui constitue l’un des enjeux des études portant sur la civilisation ougaritique. L’attention est notamment portée sur les secteurs urbains qui n’ont pas fait l’objet d’une publication détaillée par C. Schaeffer et pour lesquelles le matériel demeure largement inédit, tels que celui de la « Ville Sud ».
Le secteur de fouille dénommé « Ville Sud » est localisé dans le quart sud-est du tell. Il correspond à une tranchée d’env. 5700 m2 orientée nord-ouest/sud-est, dégagée principalement de 1959 à 1960.
Les premiers résultats furent sommairement publiés par le fouilleur, sous forme de comptes rendus dans des revues archéologiques. La fouille de cette tranchée révéla une série de bâtiments, groupés en îlots, séparés par un réseau de rues relativement dense. En 1994, Olivier Callot publia une étude architecturale détaillée du secteur (RSO X), travail qui a permis de mieux comprendre la structuration et l’évolution chronologique de ces quartiers au cours de l’âge du Bronze, et de fournir les bases de notre connaissance de l’architecture domestique d’Ougarit.
Il est à présent essentiel de compléter ce travail avec une étude de l’ensemble du mobilier archéologique. Cette recherche novatrice n’a encore jamais été menée à l’échelle d’un secteur de l’agglomération, bien que Ras Shamra soit une référence dans le champ des études portant sur le Levant.
La fouille de la « Ville Sud » a livré près d’un millier d’artefacts ainsi que de nombreux documents textuels qui proviennent principalement de la maison dite « aux tablettes littéraires ». Les textes mis à part, seuls un nombre limité d’objets a été étudié. L’objectif est de réaliser le catalogue raisonné de l’ensemble du mobilier archéologique et d’en proposer une analyse contextuelle, dans le but de mieux définir la nature et l’organisation de chaque édifice et, si possible, de mieux cerner les activités qui pouvaient prendre place à l’intérieur (habitat privé, demeure avec archive, espace rituel ou cultuel, sépulture). Documentation archéologique et données textuelles sont ainsi confrontées.
L’identification et l’étude des lieux de culte dans ces quartiers résidentiels constituent une part importante du projet, car cette approche rejoint un autre axe de recherche, portant sur l’étude du fait religieux à Ougarit, initié par V. Matoïan dans le cadre des activités de la Mission.
L’étude est fondée sur l’analyse des archives de la Mission (inventaires, notes de fouille, photographies, dessins, plans, etc.) dont le fonds Schaeffer conservé au Collège de France.
Ce projet d’étude et de publication est soutenu par la Commission des fouilles et le MEAE, le CNRS, Shelby White and Leon Levy Programm for Archaeological Publications et bénéficie de collaborations avec : le Collège de France, l’Institut national de la recherche préventive, l’université Lettres Paris Sorbonne et la DGAMS.
Les résultats de ce travail paraîtront dans un prochain volume de la série Ras Shamra–Ougarit, éditée par la Mission et publiée aux Éditions Peeters.